[Près des terres de Louvelle] Visite interrompue

Suite à la mort de son père, la jeune fille s'était retrouvée seule avec son frère Fingal. Heureusement pour elle ce dernier pris en main le domaine familial jusque l'arrivée de leur aîné, Andom. A ce moment là le domaine fut divisé en deux et la jeune fille se retrouva au milieu de ses deux frères... Décidant de ne pas prendre part a leur petite guerre, elle avait alors quitté ses deux frères et s'était installée sur un petit bout de terre que lui avait cédé sans contrepartie Fingal.
C'était donc seule qu'elle s'était décidée a évoluer, même si pour le moment elle bénéficiait du soutien du cadet.

Comme souvent, la jeune fille avait laissé son petit bout de terre afin de rendre visite a son jeune frère, le cadet Louvelle. Seule, la demoiselle traversa son domaine, puis s'arrêta a la frontière de leur deux domaines avisant d'un rapide regard sa future traversée... Elle s'avança et commença à traverser une courte forêt, un bruit sur le oté la fit se stopper. Un Lapin traversa quelques metres puis disparu, elle secoua la tête avant de se remettre en marche.

Trois cavaliers, arborant la bannière au Poisson d'Azur des Louvelle véritables, arrivèrent au galop (modéré toutefois, car nul ne peut deviner ce qui advient des bois dans les chemins forestiers...). Ils étaient partis quelques heures plus tôt de leur campement des Rives, et se dirigeaient vers Edenac, la capitale de leur fief...

Au détour d'un sentier, alors qu'Andom songeait aux multiples possibilités de pillage sur les terres de son félon de frère, ils virent au loin sous les frondaisons un cavalier, qui semblait d'ailleurs être une cavalière, assez jeune... Ils ralentirent le pas, jusqu'au trot, et en arrivant au niveau de la jeune personne qui semblait intimidée mais souhaitait le cacher, les deux réîtres lui bloquèrent le passage pendant qu'Andom attrapa les rênes et, souriant, lança ;
Demoiselle, il est fort sot de votre part de vous promener seule sur les terres de Sir Andom, en arborant sur votre tunique le Poisson orange du félon Fingal d'Arz, son cadet. Vous semblez fort jeune, et m'est avis que vous ne verrez pas le soleil se coucher sans avoir perdu votre fleur... Qui êtes-vous ?

Quelques minutes passèrent avant qu'elle ne voit arriver devant elle trois cavaliers, elle aurait bien pensé faire demi-tour et partir au galop, mais fuir n'était pas la solution. La rattraper aurait été des plus facile, leur réaction des plus violentes?

Intimidée la jeune fille mit du temps a réagir, il était trop tard désormais pour tenter quoi que ce soit, celui qui semblait être le meneur attrapa ses rênes et commença a parler. Le regard défiant, elle l'écouta dans sa tirade, l'homme parlait, parlait, et ne lui laissait pas l'occasion d'en placer une... Enfin, tant pis, elle attendra qu'il ait fini et qu'il soit fier de lui. A ses derniers mots la demoiselle échappa une esquisse de sourire nerveux, ces sourires qu'on ne sort que lorsque l'on sent monter la pression dans tout son être, avant d'en venir aux mains... Alors qu'elle allait répondre, son sourire se transforma vite en un sourire des plus innocent, alors que son regard se faisait doux.

-Voyez vous, sire dont je ne connais toujours pas le nom, je me balade sur des terres qui appartenaient a feu mon père, vous y auriez peut être une objection?
Ces terres appartiennent désormais a mes frères, Andom et Fingal, j'estime encore avoir le droit de fouler ces terres, je doute d'ailleurs qu'ils y voient tous deux un problème. Mêlez vous donc de vos affaires!

D'un coup sec, elle tira sur ses rênes et les reprit en main, son sourire se dissipant alors que son regard se faisait noir.

Ma demoiselle Thétys !
Andom, ulcéré, se retourna vers ses compagnons qui semblaient avoir perdu immédiatement leur air goguenard, sentant qu'il n'y avait aucun viol dans l'air ce jour-là... Ainsi, la petite fille pleurnicharde qu'Andom avait quitté de nombreuses années auparavant était devenu une jeune fille étincelante et sûre d'elle ! Et... que faisait-elle, seule, dans les bois, alors que son félon de frère s'était vanté d'en avoir, seule, la protection ? Cet idiot venait de perdre son unique captive, et l'ordre féodal serait bientôt rétabli...
Toutes ces terres, ma demoiselle, ne sont guère partagés. Elles appartiennent, de droit, au chevalier Andom, seul légitime héritier de votre défunt Père, et tout ce que Fingal vola il le crachera lorsque nos dagues lui transperceront l'estomac !

Des bruits de calvacade, au loin, au moins une dizaine de cavaliers qui arrivent dur nord... Des Rives du Tonnerre... Les trois hommes font faire demi-tour à leurs montures et dégainent leurs épées, lorsque déboulent du chemin la troupe laissée la veille aux Rives, Fekil à leur tête. Soulagé, Andom se retourne et s'assure que sa jeune soeur n'en a pas profité pour s'enfuir, lorsqu'il entend Fekil parler ;
Ser Andom, la dame Enyalos des Condottieri a pris possession des Rives, après quelques escarmouches. Les Fils d'Edenia ont été à plusieurs reprises repoussés.

La demoiselle soupira aux paroles de l'homme, elle secoua la tête

-Vous répétez bêtement les paroles de mon frère qui essaye de laver le cerveau, même jusqu'à ses hommes maintenant!

A la vue de la gène du meneur, la jeune fille se remit à sourire, ces hommes ne lui feraient rien maintenant qu'ils savaient qui elle était. Son sourire se fit provocateur.

Des hommes arrivèrent et s'adressèrent au meneur... Andom, ils l'avaient appelé Andom! Ainsi le meneur, cette brute dénuée de sens moral était donc son frère... Elle ne se souvenait quasiment pas de lui, il avait quitté le domaine familial trop tôt pour qu'elle eut pu garder un quelconque souvenir de lui.

-Andom!

Vexée qu'il ne le lui ait pas dit de suite son identité, et déçue de savoir que son frère n'était qu'un misérable mécréant prêt a violer toute jeune fille seule en terrain ennemis lui lança un regard noir. Bien sûr si la demoiselle n'avait pas été aussi impulsive, elle s'en serait contentée, mais ce regard n'était pas tout ce qu'elle offrit à son frère retrouvé, elle lui offrit un galop qui manqua de le faire tomber! En effet, prise d'un élan des plus impulsifs elle claqua fortement la croupe de l'étalon d'Andom qui parti à toute allure a travers la foret.

Profitant de la surprise des personnes qui l'avaient accompagnée la demoiselle talonna son cheval et parti dans la direction opposée.

Après quelques secondes de surprise, Fekil et deux autres chevaliers partirent au triple galop à la poursuite de la jeune fille, dont l'éducation ne pouvait pas permettre de distancer durablement trois cavaliers émérites ; dans moins de cinq minutes, sous bonne garde, la jeune fille serait ramenée vers Edenac.

Pendant ce temps, furieux d'avoir été berné mais heureux de reconnaitre en sa jeune soeur l'impétuosité du sang des Louvelle, Andom parvint à calmer son cheval emballé, et revint sur ses pas, ou il rencontra toute une calvacade à sa poursuite. Ensemble, ils firent chemin de même vers Edenac, les hommes retenant leurs sourires pour ne pas blesser leur maître.

Bourgade d'Edenac.

Lorsque la captive, sous la garde de Fekil, parvint à Edenac, Andom y siegait déjà, ayant repris le pouvoir sur son domaine. La petite Ost avait été réorganisée, comptant une centaine d'hommes qui s'entrainait sur les fiefs alentours, notamment ceux de Favole de Borgia, qui s'amusait naguère à passer la frontière pour sa contrebande, et les vassaux rebelles, notamment le castel d'Arz tenu par Fingal du même nom...

Andom, qui s'était changé et portait une tunique noire neuve aux armes azurs des Louvelle, organisa une rencontre avec la jeune demoiselle dans la Grand-Cour de l'Hostel d'Echevinage, ou il venait de rencontrer le bourgmestre de la cité...
Ma demoiselle... Je ne vous tiendrais guère rigueur de la sottise que vous commettâtes, car je sais les folies que ceux de vostre asge arborent. Vous êtes ma prisonnière, ma demoiselle, et êtes désormais sous ma protection. Je vous laisserais liberté de mouvement si vous me promettez, sur l'honneur, que vous êtes ma captive et promettez de ne rien faire ni rien encourager pour recouvrer votre liberté sans mon consentement.

La garde d'Andom n'avait pas mis longtemps a la rattraper, elle savait pertinemment qu'elle n'aurait pas été loin mais elle avait au moins eu le privilège de faire rire les gardes de leur maître...

Durant tout le trajet menant a Edenac, la demoiselle ne cessait de taquiner Fekil. Sur son physique, ses vêtements, ou le lien qu'il avait avec Andom. Son but? Le pousser à bout. Bien sûr elle n'y était en rien arrivé, cela lui aurait fait plaisir mais Fekil faisait mine de ne pas l'entendre, de toute manière, il n'aurait rien pu répondre et elle le savait. Jamais un garde de son frère ne la brutaliserait.

Arrivée a Edenac, sous bonne garde, la demoiselle fut amenée devant son frère le tyran Louvelle. Elle écouta le déblatérage de paroles de son frère un sourire aux lèvres. Acquiescer et promettre était le seul moyen pour elle de garder une certaine liberté, alors c'est ce qu'elle décida de faire. Il valait mieux être captive d'un Louvelle plutôt que d'un étranger.

-Oui, frère chéri, je promets de ne pas m'enfuir. A certaines conditions!
Je veux une chambre, des plus confortables dans ton château, ainsi que le droit d'aller chaque jour a mon domaine, tu sais, ce petit bout de terre dont tu te dis le propriétaire, moi étant la félonne te l'ayant piqué.
De plus, j'exige de pouvoir sortir quand bon me semble, comme ce soir par exemple: Je suis invitée dans un salon près du quartier commerçant.
D'ailleurs, je demanderais à aller me préparer de suite en mon domaine où sont toutes mes affaires, tu m'en achètera des nouvelles pour ici. Si tu souhaites que je vive à Edenac, il va falloir que je puisse vivre dans les mêmes conditions que chez moi...

La demoiselle termina sa liste de demandes par un petit sourire innocent, doublé d'un sourire angélique.

Fort bien, ma demoiselle ma soeur. Vous serez libre de vos mouvements et gestes, puisque vous avez juré sur l'honneur de demeurer ma captive. Vous avez vos appartements ici, les mêmes que naguère. Pour vos gens, je vous donnerais de quoi embaucher des dames de compagnie en la bourgade. Vous pourrez vous rendre à votre domaine, mais je vous confie à la charge de Fekil, comme tuteur et régent. Si vous n'y voyez guère d'objection, souffrez que je vous quitte car je suis mandé à Port Sâr.

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