[Rapine] : découverte de l'île par Dame Alastrìona

_ Aimez-vous ce voyage en ma compagnie ? Nous arriverons bientôt à Rapine et là je vous ferai visiter le manoir de la Rose. Camille s'arrêta pour lui baiser les lèvres. Voulez-vous que je vous parle de mon organisation ? Ou plutôt non. Parlez-moi de vous.
Qu'aimez-vous faire ? Quels sont vos centres d'intérêts ? A contrario ce que vous détestez. Et par dessus tout, aimez-vous la liberté ; à n'importe quel prix ?

Avant de répondre, Alastrìona se lécha délicatement les lèvres en savourant le goût du sel de l'air marin, et se contena de répondre aux questions sans quitter le regard enflammé de son amie :"

-"Ce voyage est plutôt agréable, mais je n'ai pas le pied marin, l'eau n'est pas vraiment mon élément même si j'aime les bains de minuits ... mais mis à part ce léger désagrement, votre hospitalité est sans faille malgré quelques cuistres faisant partis de votre équipage qui n'ont visiblement aucune notion de savoir vivre. Alastrìona vit un changement dans les yeux de De Valefor, voyant un avenir facheux de l'équipage, elle rajouta :"

"-Mais ce sont de bons travailleurs et on voit bien qu'ils donnent tout ce qu'ils ont pour nous améliorer la traversée.

Que me demandiez vous déja ? Ah oui, je me souviens maintenant, c'était juste avant le baiser, je n'ai retenu que le meilleur dit-elle en riant, j'aime à rencontrer des gens de contrées lointaines, d'apprendre sur leurs cultures. Je suis curieuse par nature vous l'aurez deviner, et je ne sais pas comment étancher ma soif de connaissances alors je m'adonne à la lecture lorsque j'ai la chance d'obtenir un ouvrage intéressant.

Je ne suis pas avare en efforts, je m'entraine aux arts du combats autant que ma fonction m'en laisse le temps. D'ailleurs j'espère que mon intendant saura régler mes affaires courantes. J'aime également m'occuper de ma jument Angharad, une pur sang espagnole, et faire des balades sur mes terres en la chevauchant.

Je suis ouverte d'esprit et je me pense conciliante, donc il y a peu de choses que je n'aime pas en ce monde, mais il y a certaines valeurs humaines qui me repugnent au plus haut point : l'hypocrisie m'écoeure, la trahison de ses proches qui m'est inimaginable, ainsi que l'avarice.

Par conséquent, ce que je recherche chez quelqu'un sont la franchise, la loyauté et la générosité pas forcément financière mais donner de son temps et de sa personne est un acte de générosité. Mon père a taché de m'enseigner ses valeurs morales, et je ne crois pas avoir été mauvaise élève.

Que dire d'autre sur moi ? Humm ... Je suis une femme désormais libre grâce à mon acharnement et je ferai tout ce qui est en pouvoir pour garder ce droit, perdre ma liberté équivaudrait à perdre la vie, alors je n'ai aucune limite à l'amour de la liberté car j'aime la vie et je veux en profiter jusquu'à épuisement total ! Carpe Diem se dit-elle intérieurement.

Nous pourrons continuer cette conversation au manoir, je préfererais me reposer en votre compagnie sur le pont arrière pour profiter du reste de la traversée.

_ Vous verrez, le manoir est splendide. Chaque membre de mon organisation y a sa propre loggia qu'il décore suivant sa personnalité.


_ Reprennons notre petite conversation. La route est longue. J'aime votre soif de connaissance, la mettait vous à profit dans un but particulier ? J'aime votre ouverture d'esprit, oui j'aime cette ouverture ... La voix se fit malicieuse. Mais je dois avouer qu'à la trahison j'ajouterai la laideur : ces deux choses me révulsent.
J'aime la liberté, l'individualité, l'indépendance. Je vis ma vie comme je l'entends et ne supporte pas qu'on me dicte mon train de vie. C'est peut être pourquoi je ne m'accomode ni avec le Gouverneur, ni avec l'Eglise de Bienveillance. A la place je crie : "vive la décadence".


_ Dame Alastriona, vous comprendrez que ce que je vais vous montrer m'est cher. Si je vous dévoile tout ceci c'est car je veux vous avoir près de moi la vie durant. Comprenez que je n'ai pas un caractère facile pourtant je ne suis pas jaloux et vous laisserez aller à votre guise. Dame Alastriona je souhaite vous voir rejoindre mon organisation. Qu'en dites-vous ?

Alastrìona succombait aux caresses et aux baisers de Camille, elle ne s'était jamais aussi bien senti avec quelqu'un. Avant de lui répondre, elle lui renda son baiser, un baiser passioné qui signalait toute son affection pour son amie, puis garda les yeux fermés un moment avec une expression de bien être au coin des lèvres.

-"Ma chère, toutes les connaissances que j'acquiert par mon désir d'apprendre ne sont pas seulement dûes à la curiosité, je dois l'avouer, c'est surtout pour pallier aux défauts obsolète de nos traditions, de nos pensées, et ainsi me permettre de me perfectionner sur tout les points : la connaissance permet de devancer l'ennemi techniquement et stratégiquement, et bien sur je ne l'utilise pas que dans le but de maitriser les arts de la guerre, je pourrais sans doute vous en apprendre un peu également. " dit-elle en lui caressant la cuisse

"Au sujet de votre organisation, je pense qu'une visite de votre château devrait finir de me convaincre ..."

_ Entrez ma chère.



_ Nous y sommes Alastriona. Que voulez-vous faire maintenant ? » demanda Camille, un sourire en coin.

Alastrìona était tentée par l'invitation de De Valefor, mais elle ne savait pas encore si elle pouvait déja entreprendre quoique ce soit avec quelqu'un aux moeurs si légères, elle avait besoin de confiance, de surêté malgré son indépendance, elle avait besoin de quelqu'un sur qui compter. Et pour le moment, Alastrìona voyait surtout le côté volage de son amie, le côté séducteur, mais pas vraiment le côté confidente, amie de confiance ou plus.
Elle engagea une lutte subtil avec son hôtesse pour pouvoir apercevoir ses différentes facettes mais sans gâcher tout le mystère qui l'excitait tant.

-"Il n'est pas encore très tard je trouve, apprenez m'en plus sur votre organisation et surtout sur vous : Quels sont vos objectifs en tant que femme ? Et en tant que chef de cette organisation ?"

Elle prit une légère pause afin de peser ses mots puis continua :

-"Tout à l'heure vous disiez "Vive la décadence", je réfléchissais au sens de cette phrase, mais je ne crois pas avoir saisi votre pensée : de quelle décadence parlez vous ? La décadence morale ? physique ? ou autre ? ou une décadence totale ? Pourriez m'en dire plus ?

Cet état vous fait-il être belliqueuse envers vos ennemis ? Je précise ma pensée : j'ai hélas quelques ennemis, essentiellement dû au fait que je sois une femme, mais pour autant je ne leur fais pas la guerre. Comment traitez vous vos différents ? Et est ce que votre organisation les règlent de la même manière ?

Après s'être exprimée, elle commença à l'embrasser l'épaule, puis remonta vers le cou, puis le menton, et baisa langoureusement sa bouche.

_ Mon organisation est composée tantôt de pirates et de voleurs, tantôt d'amoureux des arts et du savoir. Comme vous pouvez le voir ce sont des personnes différentes et souvent très individualistes. Cependant une seule chose les rassemblent tous : la Liberté.

_ Si je vous parlais de décadence c'était dans un contexte bien précis : face au pouvoir liberticide. D'ailleurs c'est ce même pouvoir qui nous qualifie de "décadant" terme que je reprends à mon compte pour leur faire un pied de nez, une boutade si vous voulez.


_ Il n'y a pas de décadence : je vis ma vie comme je l'entends. Les autres n'ont pas à me juger, encore plus s'ils ne me connaissent pas. L'agressivité n'est pas en rapport avec cet état, au contraire il s'agit de jouir de la vie au maximum. Par contre si l'on compte m'enlever ma Liberté alors mon opresseur endurera les épines de ma colère.
Quant à mon organisation je n'en suis que membre et j'ignore comment la Rose Noire réagirait dans ce cas.

_ On dit que l'auteur de cette Sonate était sourd comme un pot : il est mort dans la lointaine Khorel. Quelle image romantique que ce génie torturé, incapable de goûter ses propres saveurs ...


_ Vous m'avez demandé mes objectifs en tant que femme ...
Savez-vous que j'ai perdu ma mère naguère, peu après ma naissance ? J'en garde sans doute une vision faussée de la féminité, c'est ce que me dirait en tout cas Simon.

_ Et vous Alastriona, avez-vous perdu un être cher ?

La question plongea Alastrìona dans ses plus profonds souvenirs, ceux qui nous marquent durant notre vie, triste ou joyeux, et perdue dans son esprit, elle les revivait malgré elle, la jeune femme ne put empécher une larme de s'écouler le long de son visage malgré son sourire illuminé par les bons moments passés durant son enfance. Lorsque De Valefor eut fini le morceau de musique, Alastrìona revint à ses esprits et tenta de trouver la force de répondre :

-"J'ai ... Mon père, oui ... Mon père adoptif William Dextre, dit William le Droit, voila maintenant quatre longues années qu'il est décédé ... Je pensais que ma peine s'était calmée mais je me trompais.

" Elle prit une légère pause en cherchant à se rappeler la journée où son père lui avait expliquer pourquoi elle n'avait pas de mère.

"-Je n'ai jamais connu mes parents biologiques et c'est lui qui m'a recueilli mais je ne sais pas s'il m'a dit toute la vérité, hélas je pense que je n'en saurai pas davantage ... "

De Valefor la prit dans ses bras et elles restèrent un moment sérré l'une contre l'autre, Alastrìona écoutait les battements de coeur de son amie : ils étaient rapides et raisonnaient dans le corps de la jeune femme, elle serra légèrement plus puis reprit la parole :

-"Laissons ceci au passé, parlons plutôt d'avenir, dans le carosse vous me demandiez si je voulais rejoindre votre organisation, je souhaite également restée en votre compagnie et je pense, elle rajouta, je suis sûre que la Rose Noire s'accorde avec la vision que je me fais de ce monde."

Les battements de coeurs de Camille devinrent de plus en plus rapides ...

_ William Dextre ; William le Droit : la redondance est admirable. Contrairement à lui je suis sénestre, comme vous avez dû le remarquer. Mais laissons-là ces souvenirs aigre-doux.
La Rose Noire s'enrichira de la vision que vous lui apporterez.


_ Et maintenant Mademoiselle Dextre, est-il assez tard ?

Tout était enfin clair dans la tête d'Alastrìona, elle n'avait jamais été aussi en accord avec elle-même, et l'ambiance ainsi que la conversation de la soirée avait fini de la convaincre.

-"Il n'est pas relativement tard mais j'espère vous apprendre des choses, et pour maitriser une connaissance sans en obtenir un demi-savoir, se qui serait un crime sur ce sujet, il faut l'exercer longuement et à maintes reprises ...
Je dois avoir de l'encens au mélande d'opium et de jasmin dans mes affaires, cela permet de rester en forme longtemps et cela stimule les sens ...

Alastrìona lui lança une regard malicieux comme savait si bien le faire son amie.