Rapine la Belle, Rapine la Putain.

Rapine


Imaginez sur la mer turbulente des Tumultes une île abritant Rapine …

Rapine fut construite sur une petite anse naturelle permettant un mouillage à tout moment. Des pilotis s’avancent sur la mer supportant différentes structures tels que le port, les quais, des maisons, … A terre le sol est souillé et lors des grosses pluies le passant s’enfonce jusqu’au genou dans un mélange de boue, de crachats, de pisse, de chiures, d’ordures et d’immondices.
Les bâtisses -construites de bric et de broc, d’objets rapportés de matériaux divers et variés (bois, pierre, boue, torchis, …)- forment un labyrinthe, un dédale de ruelles sinueuses et mortelles.

A l’origine, point de rendez-vous des pirates de la cote afin de partager leurs rapines, la ville s’était peu à peu développée. Le brigandage avait attiré de nombreuses activités (: artisanat en tout genre, marchand et receleur, …) comme de nombreuses personnes (: voleurs et volés, libre penseur et lie de l’humanité, vierges et putains …). On trouvait tout à Rapine -en y mettant le prix.

Célèbre dans les bas-fonds et cloaques, Rapine avait vu sa population rapidement augmenter au cours des dernières années. Voleur, coupe-jarret, monte en l’air, malandrin côtoyaient désormais les forbans, les boucaniers et les pirates. A l’instar des Cours des Miracles, les impotents se levaient pour danser avec les catins et boire à s’en éclater la panse. Les putains comme le vin coûtaient peu et pour quelques pièces d’or on pouvait trouver un lit sans trop de punaise et de poux.



C’est dans cette ville agitée, près des routes commerciales ; c'est dans ce terreau noire et sale que se dresse le manoir de la Rose.
Ancienne maison close (d’où la rose gravée sur le porche), la bâtisse fut investie par un groupe de pirate-marchand. Ce groupe se transforma rapidement en guilde et on raconte même que de hauts Seigneurs se mélangèrent à cette racaille …

De nos jours le manoir de la Rose reste important pour la guilde. On peut contacter les Esthètes via cet endroit -pour le moins qu‘on traverse Rapine vivant. L’ancienne maison close a été aménagée avec un soucis du luxe, du confort et de la beauté. Des tapisseries, des tableaux rares et précieux, des bibelots, des bijoux, des vases, des bouquets jonchent le manoir. De nombreux sofas, canapés, fauteuils sont mis à la disposition de chacun et de nombreux feux chaleureux brûlent dans les âtres.

Rapine et les Tombeaux Ouverts

S’il est un jour où Rapine est digne d’être visitée c’est bien en Ekharyl, lors des Tombeaux Ouverts. Cette fête -représentant une part importante dans l’imaginaire des marins- est organisée avec le plus grand sérieux.

L’île d’ordinaire peu accueillante devient chaleureuse et se pare de lanternes aux teintes rouges et noires dont l’éclat vibre sur les flots nocturnes. Les guirlandes serpentent, s’entrelacent et s’accouplent en une orgie de couleur chatoyante. Le sol, à l’aide de solides planches liées est couvert et praticable. Des légumes sculptés, aux figures inquiétantes, ornent les porches des bauges.

C’est sous le ciel étoilé, à la source des « Larmes d’Ève » que débute la procession. La légende d’Ève -donnant son nom à la source- est bien connue des marins superstitieux, du jeune mousse jusqu’au puissant second. Par amalgame, Ève est devenue la protectrice de l’île et le jour des Tombeaux Ouverts, matelots et fripouilles l’honorent pour s’attirer le bon œil.
Coquins, canailles, pirates, vauriens et putains délaissent pour une nuit leurs activités. Alors commence la divine et grotesque mascarade. Hommes et femmes, de capes et de masques vêtus, aux maquillages démoniaques tourmentent Ève sur le chemin de ses pleurs.

Cette gigantesque retraite aux flambeaux, des montagnes, descend jusqu’au vieux port naguère endormi -là où dit-on s’élève le chant des sirènes. De loin dans l’obscurité, la route flamboyante fait écho au sillage d’une larme ardente. L’ultime Larme d’Ève.

Là, près des docks insalubres et dans la pénombre écarlate des brandons, sur un air de gigue endiablé, la presse met le feu à un gigantesque raffiot tandis que les ménestrels content la légende d’Ève. Ainsi s’achève le tourment de la belle, ainsi s’achève la procession. La fête ne fait alors que débuter. La ville se remplit de chant et de musique.

Les meurtres et entourloupes sont strictement interdits ce soir là sous peine de déveine annuelle -aussi nombre de Noble en quête de sensation forte se mélange à la lie de Rapine.



De la fange des bas-fonds jaillit Rapine aux couleurs vives ...