« Il fut un temps où Rapine connut une femme du nom d’Ève. Belle et gironde, gracieuse et féconde.
Celle-ci avait un amant, un homme de l’eau : un marin peu amène. Son métier le forçait à laisser Ève seule de longs mois durant,
dans leur maison non loin de la ville.
Il advint une journée qu’Ève fut au faîte de sa beauté. Un démon passant par là, subjugué par tant de magnificence,
s’incarna en homme pour conquérir son cœur. Il usa de tous ses stratagèmes, de tous ses artifices ; en vain :
Ève, vertueuse, résista au vice.
« Corne de bouc et pattes d’araignées, sur mon honneur de démon, je me vengerai » lui lança cet animal plein de rage.
Puis il disparut dans un nuage vert émeraude.
Le démon écuma alors gargote et boui-boui à la recherche de son marin de mari.
Ce qui devait arriver arriva et par un soir de pleine lune dans une auberge miteuse balayée par les vents coulis,
il rencontra le marin amère. A force de perfidie et de patiente, et contre un pichet de vin il tira du loup de mer le nom de sa dulcinée : Ève.
Le mal était fait. Le démon connaissant le prénom de la Belle, avait dès lors tout pouvoir sur elle.
Mille tortures et supplices à Ève furent infligées.
Elle finit par s’échapper de sa maison et couru le long du sentier menant à Rapine y chercher de l’aide.
Las le démon la poursuivant dans une dernière vilenie lui lança une malédiction.
Ève devient folle à lier et d’un trait se jeta dans les Tumultes pour s’y noyer. »