La Marche du seigneur Manfred

Manfred avait mené sa troupe jusqu’aux derniers hectares de terres boisées puis, parvenu jusqu’à la lisière de la forêt, avait prononcé un dernier discours pour galvaniser ses hommes. Lorsque le dernier mot fut prononcé, un millier de silhouettes menaçantes quittèrent la frondaison des arbres et rejoignirent les terres âpres et chaudes du seigneur de Fonril. Les soldats de Manfred progressèrent inlassablement au milieu du paysage clairsemé, piétinant les champs de leurs chausses crasseuses, traversant les villages et incendiant les chaumières, continuant toujours vers Burg Heltz.

La rencontre décisive se produisit le 6 Ekharyl. Une armée arborant le blason de la famille de Fonril vint à la rencontre des envahisseurs. Les hommes de Manfred étaient plus nombreux et vraisemblablement mieux équipés que ceux du Magister. Mais ces derniers connaissaient la province et avaient pris place au sommet d’une haute butte. Avant que le Vicomte d’Esterel n’ordonne l’assaut, des centaines de flèches parsemèrent les cieux et retombèrent avec grands bruits sur l’armée du Cap.

Dédaignant le râle de ses hommes agonisant, Manfred lança la moitié de son armée dans un assaut frontal et employa la seconde moitié au contournement de la butte. Les archers tirèrent une deuxième salve, suivie d’une troisième puis d’une quatrième. Mais les soudards qui composaient l’armée de Manfred continuaient de gravir la butte, chaque flèche ravivant un peu plus leur colère. Lorsque les archers se résolurent au repli et tentèrent d’échapper à la lame vengeresse de leurs opposants, la seconde moitié de l’armée du Cap vint les prendre à revers.

Ce jour-là, l’armée des Plaines fut entièrement détruite ou contrainte à la retraite. Quelques hommes du Magister parvinrent à se replier vers Burg Heltz pour rapporter la nouvelle de la défaite, mais la plupart de leurs compagnons tombèrent par la lame de Manfred et de ses troupes. Après la bataille, enragé par ses pertes, le seigneur de guerre ordonna la mise à sac des plaines, le pillage et l’extermination minutieuse des derniers bastions de résistance.


Lors du onzième jour du mois d’Ekharyl, seules la capitale de la province ainsi qu’une poignée de cités seigneuriales avaient échappé à l’invasion. Tout le reste, les champs comme les moulins, les hameaux comme les villages, chaque lieu de vie et de richesse, était tombé aux mains du seigneur de guerre. Manfred s’était vu contraint d’épargner quelques villes majeures par les stricts décrets du gouvernement colonial et il savait que cette obligation lui coûterait cher. D’un œil sceptique, il contemplait les hautes murailles de Burg Heltz qui se profilaient à l’horizon, songeant que, depuis la cité, le seigneur de Fonril mènerait sa sanglante contre-offensive.

Sous le regard vigilant de Ludwig du Val d’Esterel, une trentaine de galères faisaient voile vers l’Ile du Levant. Chaque bâtiment avait été assemblé avec ferveur dans l’arsenal de Port-Auguste et, de tout leur bois, les navires évoquaient l’entrain et la dévotion avec lesquels les artisans du Cap les avaient édifié. Les galères fendaient les flots, accompagnés par les cris d’encouragements des troupes de Manfred qui, à l’intérieur des bâtiments, guettaient la côté non sans impatience d’entamer les hostilités. Ludwig, amiral autoproclamé de la flotte du Cap multipliait les ordres et les aboiement afin de pousser les marins à hâter le mouvement.

Les galères atteignirent les plages de l’Ile et s’enfoncèrent sur plusieurs mètres dans le sable. Poussés par les officiers de l’armée, les soldats de Manfred redoublèrent de fureur, sautèrent depuis les navires et coururent sur la plage en direction d’une dizaine de gardes côtiers qui assistaient à la scène avec stupéfaction. L’escarmouche fut rapidement réglée et Ludwig s’efforca de rassembler ses hommes avant de les mener plus loin sur les terres du seigneur Darius.

Le paysage ainsi que le climat de l’Ile du Levant étaient semblable à ceux du Cap. Les soldats de Manfred ne furent pas pris à dépourvu par la chaleur ou l’humidité des lieux, et poursuivirent leur marche avec détermination, rejoignant très vite les frontières du domaine d’Opale, là où résidait le propriétaire des lieux, le seigneur Darius. La silhouette hostile de son bastion, la Forteresse d’Opale, se détachait à l’horizon, mais l’amiral invita ses troupes à s’en détourner pour prendre le contrôle des terres alentours.

Sur le chemin, l’armée fut assailli sur les flancs par une centaine d’archers et subi une cinquantaine de perte. Pris à dépourvu, Ludwig profita du terrain escarpé pour placer ses hommes à couvert et les lancer dans un mouvement de contournement. Cinquante soldats tombèrent à nouveau avant que les archers ne soient atteint par leurs adversaires furieux. Les derniers résistants furent promptement mis en pièces et l’armée reprit sa marche. La province tomba après quatre jours de mouvements et quelques rares combats.

Ludwig fit construire un fortin à quelques lieues de la forteresse d’Opale, restant en position pour guetter les mouvements du seigneur Darius et informer Heckwald d’une probable riposte. Le nouveau commandant de la province fit ensuite envoyer la moitié de ses hommes aux quatre coins de l’Ile afin de s’assurer la soumission des habitants, et rédigea une missive à l’attention de Manfred pour l’informer de sa victoire.

Le seigneur Manfred avait assisté avec fureur à la reprise rapide de ses conquêtes par les expéditions du seigneur Andom. L’Ile du Levant, puis les Plaines étaient tombé aux mains du profiteur, tandis que le seigneur de guerre avait relâché sa garde et redéployé la plupart de ses troupes vers le Cap. L’armée de Manfred était concue pour l’attaque, le pillage, la destruction, non pour l’occupation et la protection de vastes territoires. Mal préparés, les gardes postés à la va-vite par les officiers de l’armée du Cap furent rapidement débordés.

Manfred ordonna à Ludwig de retourner sur l’Ile du Levant, tandis qu’il tentait de reprendre le contrôle Plaines. Malheureusement, les troupes du seigneur Elaeus, l’une de ses récentes relations et allié de circonstance, furent plus rapides et parvinrent à arracher la provinces des mains avide du seigneur Andom.

Manfred respecta son entente avec le seigneur Elaeus, mais s’il fit cesser les assauts sur les Plaine, il n’exigea pas moins que ses troupes demeurent sur place afin de reprendre la Province au cas ou celle-ci tomberait à nouveau. Le plan de conquête du Vicomte du Val d’Esterel se révélait plus laborieux que prévu, d’autant que le seigneur de Fonril n’avait pas encore entamé sa riposte.

En guise de réponse, Manfred demanda au seigneur Hadril de faire marche sur Edenac afin de châtier l’usurpateur. Le Vicomte se reprochait déjà de laisser quelques sous-nobles lui ravir sa gloire et son œuvre. Il lui tardait d’obtenir enfin l’autorisation coloniale qui lui permettrait de réduire lui-même la ville du seigneur Andom à néant.

Depuis peu, les troupe su Sieur Manfred parcourait les provinces frontalieres. Dans un souci de preserver le patrimoine de la famille Anairês, Ral prit contact avec Manfred. Trés vite, une coresspondance s'établit entre les deux homme qui ont de nombreux point communs et une alliance se mis en place.

Dans un même temps, les Fils d'Edenia prirent les rives d'assaut. Ces derniers étant soutenu par Manfred, Ral lui demanda d'intercerder en sa faveur, pour eviter que les deux allié de Manfred ne s'entredechire. C'est ainsi qu'un pacte de non-agression fut signé et que Ral lui aussi commenca a arpenter les terres frontalieres pour aider ses nouveaux alliés