[Cap de Saint Augure] : déclaration d'indépendance

Le seigneur d'Emerande avait appris la chute de la sa Province et avait eu vent du message de proclamation de l'Etat Augustois par la Rose Noire. En toute hâte, il prépara une missive qu'il destina au Gouverneur.

" Gouverneur Télamon

Comme vous devez l'avoir appris, la Rose Noire s'est emparé de la Province du Cap de Sainte-Augure et a proclamé la région indépendante, sous le nom d'Etat Augustois.

Nous comprenons l'offense qui est faite à votre autorité, mais je souligne également que ces forbands, en mettant pied sur la Province et en chassant les troupes de la Compagnie, ont durement porté préjudice à nos intérêts et profitent seuls des aménagements que nous y avons installé.

Pour cette raison, je vous demande, Gouverneur Télamon, de permettre à nos troupes de reprendre cette Province et d'y rétablir l'autorité Edénienne.

Cordialement,
Vicomte Nicholas d'Emerande
Haut-Régent de la Compagnie du Commerce "

Lorsque la missive fut envoyée, le seigneur d'Emerande envoya un nouveau message à l'attention des Fils d'Edénia.

"Seigneur membres des Fils d'Edénia,

La Province du Cap de Sainte-Augure est récemment tombée sous la férule de la Rose Noire. Nous vous enjoignons cependant à ne pas intervenir, car nos troupes marcheront bientôt sur la région pour reprendre notre dû. "

_ Le bonheur de mon peuple est ma seule préoccupation jeune homme. Pour nos idées de liberté, pour notre salut je me dois de décliner chacune de vos propositions ; je suis un idéaliste et j'aime à croire qu'après cette guerre mon peuple puisse vivre et mener la nouvelle humanité dans une Aube Nouvelle.


_ Ah ! Whilem enfin. Je vous attendais. Qu'est ce que Nicholas a à me dire.

Wilhem d'Emerande était le neveu du Haut-Régent. Il avait hérité de la carrure familliale, mais rien d'autre, depuis ses traits durçis par les combats, jusqu'à sa démarche vulgaire, ne marquait sa filliation avec le Vicomte d'Emerande. Wilhem ressemblait à une caricature militaire et violente de son oncle, quoique son regard ne manquait pas de malice et de profondeur.

Lorsqu'il s'avanca face au Baron de Valefor, il portait une lourde et pesante épée de la main gauche, tandis que sa main droite tenait fébrilement un parchemin enroulé. Arrivé face au noble de la Rose Noire, il le tendit, tout en prenant parole.

" Camille de Valefor,
Prince du Cap de Sainte-Augure,

Mon oncle, le Vicomte d'Emerande, Haut Régent de la Compagnie du Commerce, m'envoie vous dire que les troupes d'Isabella reprendront cette Province, comme convenu. Ses premiers mots à votre égard furent de reconnaître en vous un adversaire de valeur, malgré le dégoût que vous lui avez longtemps inspiré.

Mais aujourd'hui, votre trône de poussière menace de retourner au néant. Edénia ne laissera pas ses fils se détourner d'elle, et la Compagnie entend bien reprendre ce qui lui revient de droit. Dans quelques temps, votre bel espoir sera réduit à peau de chagrin, encerclé comme vous le serez par la noblesse loyale d'Edénia. Votre organisation, la Rose Noire, tombera certainement sous le coup du banissement et du démentèlement, du moins en apparence.

Car le Vicomte d'Emerande ne sous-estime pas votre ténacité, et comprend que les attaques pirate se porsuivront. Par ailleurs, celui-ci a fortement apprécié votre initiative, et comptait, pour sa part, établir dans cette Province, un espoir de paix et de liberté qu'Edénia n'offre nul part ailleurs. Aussi, avant que nos troupes ne s'avancent dans la région, nous tenons à soumettre cette proposition à votre libre acceptation.

La Compagnie, prenant acte de l'impossibilité d'en finir avec la Rose Noire, accepte que la Province du Cap de Sainte-Augure reste, sous la gestion du Vicomte d'Emerande, terre d'asile pour les pirates, les forbands, et toute espèce d'individu que votre organisation se faisait fort de protéger. En outre, il est promis de laisser au Gouverneur Jalab et tout homme de bonne volonté, le soin de veiller à la bonne marche de cette Province, sous surveillance toutefois.

En retour, le Vicomte d'Emerande exige l'arrêt des hostilités sur la Province du Cap, et l'engagement de votre organisation à tourner ses ambitions vers les possessions du seigneur de Fonril, à infliger à l'Ordre ce qu'elle infligea naguère à la Compagnie.

Telles sont les conditions fixées par le Haut Régent Nicholas d'Emerande. Asile et mansuétude contre actions militaires et pirates vis-à-vis de l'Ordre.

Ceci vous parait-il acceptable ? "

Le parchemin récapitulait les conditions édictées, et Wilhem tendit la main pour le reprendre.

" Vous comprenez que nous ne pouvons guère laisser de traces écrites. "

_ Le laconique Nicholas ne me fait pas confiance, j'en souffre profondément.


_ La proposition est allêchante c'est bien vrai. Je ne peux vous promettre que toutes les altercations cesseront : il existera toujours des pirates hors de contrôle de la Rose. Toutefois je m'engage à ce que leur nombre diminu radicalement. L'Ordre me semble une proie alléchante, tout autant que l'était vos bateaux ; toutefois cette organisation est puissante. J'espère que vos armées seront de la partie.


_ Très bien c'est entendu. Allez dire à D'Emerande que j'accepte son offre. Matisse se présentera à lui afin d'intégrer son gouvernement. Maintenant allez.

Quelques jours plus tard.

Les troupes d'invasion du seigneur d'Emerande avaient été scindées en deux groupes. Le premier, mené par le Vicomte en personne, accompagnait les forces coloniales dirigées par le seigneur Asacagne le long des rives du Cap, jusqu'à Port-Auguste, la nouvelle capitale. Le second groupe, mené par Wilhem d'Emerande, était parti à cheval d'Isabella pour rallier rapidement Heckwald, l'ancienne ville principale, là où le premier Fort s'élevait lors de la conquête du Cap de Sainte Augure.

En cheevauchant, Wilhem d'Emerande, se remémorait les détails du plan qu'il avait paufiné avec son oncle. Il devait partir en avant des troupes d'invasion, prévenir les défenseurs de la Rose Noire de l'arrivée des troupes coloniale, et se retirer avant que le Vicomte d'Emerande, accompagné par le seigneur Ascagne, ne rejoigne Heckwald depuis Port-Auguste. La manoeuvre était simple, et bien huilée, car elle permettait au Haut-Régent de prévenir ses alliés de circonstance, tout en donnant le change devant l'autorité coloniale et se parer d'une vertu toute fraîche.

Ce que le jeune et fougeux chevalier d'Emerande ignorait, c'est que le Vicomte avait, tout au contraire, "ommis" de prévenir les défenseurs d'Heckwald de l'arrivée de son neveu, de sorte que, lorsque les cavaliers d'Isabella parvinrent jusqu'à l'ancienne capitale, il furent accueillis par une marée de flêches et furent exterminés jusqu'au dernier. Wilhem mourut là, devant les portes de la ville, un projectile planté dans le coeur, maudissant son oncle devant les Dieux pour son infamie.

La fllote coloniale, de son côté, avait pris Port-Auguste, et les troupes du Gouverneur empruntaient la route de l'ouest pour gagner Heckwald et le reste de la Province. Sur le chemin, le Vicomte s'entretint avec Aacagne, la Muraille, pour le prévenir de la suite des choses.

" J'ai envoyé mon neveu depuis le nord de la Province avec un bon détachement de cavaliers. Si tout se passe bien, il devrait avoir recueilli assez de renseignement pour faciliter la prise de l'ancienne capitale. J'espère tout de même que sa fougue ne l'a pas incité à faire une trop grande part du travail pour lui-même. "

Lorsque les forces coloniales rejoignèrent Heckwald, les troupes de la Rose Noire avaient déjà évacue une bonne partie de la ville, prévenues de l'arrivée du reste de l'armée par l'asssaut bien involontaire du chevalier Wilhem d'Emerande. Les assaillants ne purent que constater la mise à sac des demeures, mais la plupart des défenseurs s'étaient depuis longtemps évanouis dans la nature. Seuls restaient, non loin de la porte, les corps des soldats d'Isabella éparpillés, parmi lesquels, gisant la tête face au ciel, le neveu du Vicomte d'Emerande.