[Rives du Tonnerre] Echanges de culture

Leyk' Hestre fixait les fougères dans cette forêt danse. Ils avaient rejoint un bosquet, puis la forêt des Rives et attendait comme convenu sur le site des ruines d'une civilisation antique, autochtone.

S'en prévenir, ils sortirent de nul part, en petit nombre. Le Loa prit la parole et Leyk' baissa la tête comme à l'accoutumé.

Lorsqu'il eut terminé, il hocha la tête et ils se sourirent comme pour signifier qu'ils étaient heureux de se voir.

Dans le groupe des Hanses et d'Académiciens, des indigènes suivis de colons Hanses passèrent du côté des indigènes des Rives et des colons suivis d'indigènes passèrent du côté des Hanses et Académiciens.

Leyk' prit la parole à son tour, il parlait... indigène.

Un forgeron, un érudit et un guerrier Hanse pour toi, mon ami.

Le Loa hocha la tête et parla à son tour... en Edénien.

Un charpentier, un sage et un guerrier Huantar pour toi, mon ami.

Leyk' remercia le Loa, ils transférèrent les armes et les vivres, alors que les indigènes faisaient de même. Les Hanses et l'Académie bénéficiaient de leurs bonnes relations avec les Huantars depuis le voyage de Kelorh' Hestre. Les Huantars du Nord des Rives bénéficiaient aussi de ces échanges et transferts culturels et de compétences.
Depuis les premiers contacts avec ce monde "interdit", Kelorh' s'était promis de lui donner une chance de se protéger contre les déviations des Edéniens. Jamais l'on avait eu de problèmes de raids Huantars dans cette partie du Nord, les Huantars étaient calmes et pacifiques...

Les musiciens Hanses jouaient des tambours de peau de mouton tendu, martelant ceux-ci avec des morceaux de bois taillés, de leurs deux extrémités en forme de têtes d'animaux.

Les percussions étouffées, graves et douces résonnaient devant les plaines de Haute Crique. C'était le troisième jour déjà que les musiciens se relayaient et les seigneurs prévenaient leurs hommes, prévenaient les guerriers et préparaient les armes des pères et armures des aïeux.

Les seigneurs entraient dans Haute Crique et rejoignaient le Manoir Hestre au sommet de la falaise. Les hommes sortaient le matin vérifier les champs puis retournaient dans les foyers pour profiter de quelques jours avec leurs femmes et leurs enfants. Beaucoup se rejoignaient le soir pour aller boire entre clans, familles, amis.

Les forges battaient leur plein et des chariots entiers de flèches, pieux, pois, goudron et bien d'autres équipements s'empilaient dans les quartiers de la ville des Hanses.

~~~~~

Père, c'est un honneur que de me battre à tes côtés.

L'homme regardait son fils ayant l'âge de porter une épée et se dit qu'il ne devait pas être bien plus vieux lorsqu'il eut à se battre pour les Hestres. Il se redressa et commença à fouiller autour d'un étai au dessus de lui. Il sortit un étui large en cuir qu'il prit à deux mains et remit à son fils.

Mon père voulait que tu l'ais. Elle est à toi.

Alors que le fils sortait de l'étui une hache, son visage se fit énigmatique. Il était fier, il était triste, il était l'homme qui porterait la hache du grand père comme son père portait l'épée de son grand père de Khorel.
Ayant passées maintes combats, elle gardait de sa superbe, les motifs de la famille gravés sur le corps de la lame, le manche gardant de sa douceur liée à la ferme poigne de longues journées de transpiration et de frottement contre la paume de la main. Elle était légère et lourde, elle était équilibrée et gauche. Qu’importent ses défauts, elle était la hache du grand père et il la porterait selon la tradition. Elle serait sa première arme, elle serait sa dernière arme...

Ainsi se perpétuait la tradition Hanse.