Nouvelle Aube
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 Bibliothèque familiale des Kuand

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Romald Kuand
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MessageSujet: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyDim 12 Nov - 1:48




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Bibliothèque familiale des

De Formague

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MessageSujet: Re: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyDim 12 Nov - 23:26



~ ~ ~

Khorel, quelques années avant l'exil

~ ~ ~






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MessageSujet: Re: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyLun 13 Nov - 20:57

Le feu crépitait doucement tandis que chacun trouvait sa place autour du vieillard inconnu ayant fait son entrée dans la petite chaumière quelques temps auparavant. Comme les nuits précédentes Céosa déesse des Eléments avait choisit de libérer ses souffles de rage sur le duché de Mormath aux extrémités des plaines du Royaume de Khorel. Il n’était pas rare que des vagabonds franchissent le seuil de la seule chaumière à dix lieues alentours et ils savaient pouvoir trouver un peu de chaleur et de repos pour peu qu’ils aient une petite histoire ou une anecdote à raconter. Cette nuit là le parfait inconnu ne semblait pas pressé de conter quelque aventure qu’il aurait recueillie ou vécue au cours de ses périples, il laissa son public s’installer autour de lui et se trémoussa avec un léger soupir de contentement au creux du siège confortable qui lui avait été délégué. Les trois jeunes enfants de la maison poussaient de petits cris ravis en jetant des regards incrédules sur l’énorme pipe que leur distraction d’un soir avait sortie de sa longue cape écornée et poussiéreuse.

Quand il commença à parler le silence se fit rapidement autour de lui, on n’entendait que le souffle du vent au dehors et parfois quelques grondements de tonnerre qui faisaient sursauter les chiens et se recroqueviller les enfants mais petits comme grands se sentaient en sécurité, protégés de l’hiver extérieur et bercés par la douce et enivrante voix, murmure des souvenirs d’un vieillard fatigué.


« L’histoire que je vais vous raconter s’est déroulée il y a fort longtemps, le monde était rempli de haine et de chaos et les chemins aussi dangereux et infestés de brigands qu’aujourd’hui. Le comté de Formague que vous connaissez probablement de nom appartenait à une très ancienne famille apparentée aux rois et princes du Royaume, on y parlait le même langage qu’aujourd’hui et il n’était pas rare d’y trouver quelques jeunes chenapans de votre genre à ennuyer les vieillards gardiens des histoires d’autres temps.

Les jeunes gens de la cour rêvaient de guerres et de combats merveilleux où leurs prouesses leur attireraient fortune et chaleur nuptiale mais la réalité est parfois plus sombre que dans nos désirs et souvent le malheur s’abattait sur des familles précocement orphelines de leur père ou du fils aîné ayant répondu à l’appel de l’aventure. La servante et le page étaient considérés comme faisant partie du mobilier et les petites gens comme vos parents ne valaient pas plus que deux ou trois de ces morceaux de bon bois que vous mettez dans le feu.

Je ne compte pas vous parler de princesses ou de mondes enchantés où tout va bien dans le meilleur des mondes, la vie m’a enseigné de dures épreuves et l’homme ne saura jamais faire fi de son égoïsme et de sa soif de pouvoir, l’humanité est de nature mauvaise et il tient à chacun de parvenir ou non à dompter ses penchants. »

Il se tourna vers ses hôtes et dévisagea avec nostalgie un jeune couple qui le contemplait avec des yeux rieurs et complices, main dans la main. Il esquissa un sourire aux souvenirs et murmures du passé qui l’assaillaient et entama son histoire.


Dernière édition par Romald Kuand le Jeu 28 Déc - 17:04, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyLun 13 Nov - 21:00

Loris de Formague contemplait la nuit, perdu dans ses pensées au sommet du donjon du château familial. Sous ses pieds s’étendait la ville endormie, calme et silencieuse dont les ruelles n’étaient traversées que par quelques patrouilles éparses en quête de petits malfrats qui se seraient égarés à tenter de pénétrer une des nombreuses demeures des quartiers riches. Entassées les unes sur les autres ces demeures offraient un aperçu de la richesse du comte et de sa famille qui pouvait de plus se targuer d’attirer une des cours les plus joyeuses et nobles du Royaume.

Le comte âgé déjà d’une cinquantaine d’années tourna brusquement la tête en passant sa main à son fourreau par réflexe. La longue tunique pourpre qu’il portait par dessus une légère cotte de maille se détachait nettement dans la nuit claire et étoilée et un jeune garde portant la livrée des Formague se dirigea rapidement vers son comte d’une démarche vive. Il s’inclina respectueusement et lui indiqua qu’un messager du comté voisin s’annonçait porteur de nouvelles urgentes. Celui-ci fut invité à se présenter au sommet du donjon pour délivrer son message.


Le maître des lieux offrit un regard amical au messager malgré l’heure tardive, il dévisagea la tenue froissée et la mine lasse de ce dernier et comprit à son expression que les nouvelles étaient toutes sauf heureuses.

- « Messire Comte, pardonnez l’heure tardive à laquelle je viens à vous mais j’ai voyagé sans relâche depuis l’aube pour vous porter ce message. Les sentinelles de FroidMarches ont été massacrées, les clans se sont unis sous la bannière d’Elderan Kar, ils marchent sur le Royaume de Khorel et votre cité est la prochaine visée.
- Combien de temps avons nous, demanda t’il d’une voix sèche habituée à commander ?
- Vous n’en avez plus messire, leur avant-garde me poursuivait de près depuis le gué de March.

Le visage du comte était passé à un blanc de cendre tout comme la sentinelle qui se trouvait à ses côtés, il se prit la tête dans les mains et s’assit lourdement sur son siège en marmonnant des paroles obscures. Il se releva soudain et donna quelques ordres d’une voix dure et autoritaire :

- Réveillez les dames et enfants du château, je veux qu’elles l’aient quitté avant l’aube. Rassemblez les troupes et faites rentrer les civils dans la ville, envoyez des patrouilles autour de nous et des messagers pour le Roi et les comtés voisins. Je veux mes officiers et mon fils dans une heure à la salle du conseil et vite. Pour Formague, pour le Royaume !
- Vos ordres seront obéis, Messire, répondit la sentinelle en se précipitant vers les postes de garde. »

Une heure plus tard on entendit un profond cor mugir au loin dans les forêts environnantes, rapidement les sentinelles répondirent en hurlant des informations aux officiers alertés par le bruit. Le jour ne commençait pas à poindre que déjà les armes et boucliers étaient passés de mains en mains, les cordes des arcs retendues et les flèches aiguisées. Le jour serait sanglant.


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MessageSujet: Re: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyMar 14 Nov - 21:50

Le comte de Formague faisait les cent pas dans la salle du conseil remuant en esprit les dernières nouvelles, il devenait beaucoup trop dangereux de faire évacuer les femmes et enfants du château, les hordes de l’ennemi franchissaient déjà la rivière au nord et les patrouilles rapportaient que des cavaliers fidèles aux Kar avaient pris position au Sud et à l’Est. La guerre serait inévitable. Une autre nouvelle le remplissait d’une inquiétude blanche ; son fils aîné ne se trouvait pas dans la cité et d’après sa jeune épouse Enia, il s’était rendu à une chasse en pleine nuit assez loin vers l’Ouest en compagnie d’un petit groupe de chasseurs. Plongé dans une sorte de torpeur il n’entendit pas ses officiers s’installer autour de la large table découpée dans un marbre, joyau des carrières du comté et ce n’est que quand un de ses « lions » - comme il se plaisait à les appeler – prononça avec une légère peur son nom qu’il se tourna vers eux.

L’immense salle portait les traces d’un passé tumultueux et guerrier ; entourée de colonnes qui dominaient un large espace, elles étaient sculptées en un bloc unique chacune formant le corps et la stature d’un guerrier de la livrée des Formague équipé d’une large épée et d’une cotte de maille retombant jusqu’aux chevilles. Nombreux étaient les invités du comte qui ne pénétraient cette pièce qu’avec une légère appréhension et un respect pour la puissance de leur hôte mais aujourd’hui il n’était plus question d’impressionner, l’ennemi se trouvait à moins de deux heures de la ville fortifiée et il serait sans pitié.


- « Mes seigneurs, vous connaissez la situation, Elderan Kar est semble t’il parvenu à rassembler les clans des Montagnes Glacées, les FroidMarches comme on les appelle parfois. Notre situation n’est pas terrible mais il est probable que la ville tienne assez longtemps. Quelles sont vos propositions ?
- Notre cavalerie fera plus de ravages en dehors des murs que dans les ruelles de la cité, commença d’une voix hésitante un vieux général apprécié de ses troupes, personne ne pourra nous secourir assez tôt et il vaut mieux provoquer le combat avant qu’ils ne se renforcent. Je propose une bataille rangée.
- Ces chiens ne méritent pas de vivre, prononça une voix manipulatrice et fourbe, nous avons massacré un de leurs villages voici quelques semaines et il semble qu’ils n’aient toujours pas compris la leçon. Tant qu’ils adoreront leurs dieux païens ils ne vaudront rien de plus que les détritus des latrines.

Le religieux qui venait de parler portait une longue soutane et une capuche recouvrant le haut de son visage ; chacun connaissait le crâne chauve du père Masert et ses yeux pénétrant qui semblaient prêts à lancer les flammes du bûcher qu’il affectionnait tant mais personne ne serait prêt à s’affirmer capable de s’opposer aux desseins du représentant du panthéon khorélien, bras armé des légions divines de Gueralt sur le comté.

- Nous apprécions votre remarque, mon père, commença un officier au visage juvénile et agacé, mais elle ne résoudra rien, Elderan n’est pas venu parler religion mais réclamer vengeance pour les siens et il ne se laissera pas amadouer, surtout si c’est vous que nous envoyons négocier.

La rivalité existant entre les deux personnages n’était plus à démontrer depuis longtemps et chacun pouvait percevoir la tension qui existait entre deux des plus influents conseillers du comte, le jeune guerrier cultivé et l’homme d’église penché sur le respect des valeurs discutables de son patriarche. La discussion tourna alors sur les moyens à mettre en œuvre pour protéger la cité au profond dépit du jeune seigneur qui aurait souhaité que la réflexion porte sur les moyens de résoudre pacifiquement le conflit. Visiblement aucun effort ne serait fait sur ce point de vue là.
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MessageSujet: Re: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyJeu 28 Déc - 17:05

A l’aube, les deux armées se trouvèrent face à face sous les murs de la cité, la bataille rangée avait finalement séduit le vieux comte qui se tenait en personne au devant de ses fidèles. Magnifiquement habillés comme à la parade les coqs se hâtaient vers le champ de grâce où tant d’exploits et de joyeuses ballades naîtraient. Les servantes du château et paysannes de passage étaient parvenues, pour la grande fierté de leur maître, à fournir à chaque combattant la même tunique pourpre par dessus les cottes de mailles, ornée d’un donjon blanc symbole des Formague. Alignés dans un ordre et un silence parfait les soldats sentaient que ce jour serait gravé dans les mémoires de tous, le soleil s’était d’ailleurs donné rendez-vous en faisant scintiller de mille feux les casques, boucliers et lames nettoyées pour l’occasion : tout était réuni pour inspirer au mieux les bardes qui conteraient les exploits de ceux qui ne pouvaient perdre, habités par leurs dieux du Royaume de l’Intérieur.

L’armée d’en face était composée de quelques centaines de guerriers au cœur chauffé par les massacres perpétrés quelques semaines plus tôt sur leurs terres. Face à la rigueur et l’élégance de leurs adversaires ils opposaient une rage et une volonté de vaincre brutale et presque bestiale ; chacun sentait en son cœur le vide laissé par la perte d’un proche : une femme, un enfant, un frère ou un ami qui n’avaient pas eu le loisir de mourir l’arme à la main et dont la seule faute avait été de donner d’autres noms aux mêmes dieux. L’heure n’était plus aux discours pleins de lyrisme et de poésie, l’heure était aux chants de guerre, aux armes et au sang. L’heure était à la vengeance.

Nombreux étaient ceux qui autrefois s’étaient combattus mais, réunis autour de l’horreur, les clans avaient fait fi de leurs différences et s’étaient dressés pour hurler d’une seule voix leur désir de revanche et de vie. Ce n’était plus la raison qui parlait mais les cœurs meurtris par le souvenir des cris innocents. La mort était venue de ces hommes froids et cupides et ils devaient payer pour cela, payer pour leurs crimes et leurs faiblesses.

Le comte de Formague, juché sur un magnifique destrier lui aussi habillé de pourpre avait poussé l’élégance jusqu’à revêtir sa monture de parures dorées qui ne pourraient que laisser béat d’admiration les animaux qui seraient fauchés par le maître de ces terres. Il ne jeta qu’un bref regard vers ses ennemis et se tourna vers ceux qui l’accompagnaient :


- « Soldats, aujourd’hui est le jour où vous êtes appelés à écouter votre cœur, aujourd’hui est le jour où vous pourrez enfin montrer à tous ce qu’est Formague, ce qu’est votre comté, ce qu’est votre patrie !

Il lança son cheval au galop le long des soldats de plombs qui lui faisaient face et leva bien haut l’étendard portant les couleurs de sa famille :

- Derrière ces murs vos femmes et vos enfants prient pour vous, croient en vous. En les défendant vous défendez tout ce en quoi vous croyez, vous êtes nés pour ces instants qui seront gravés dans l’histoire des hommes, vous êtes nés pour vivre ces moments et laisser votre nom parmi ceux qui sont morts pour leur liberté et leur peuple. Soyez des héros, laissez derrière-vous vos peurs et vos doutes et franchissez avec moi les portes du Royaume des Dieux !

Il hurla la fin de son discours en brandissant l’épée familiale sortie de son fourreau ; acclamé par l’ensemble de l’armée il répéta ses derniers mots qui furent repris en cœur par la foule des braves venus aux premières loges du spectacle de leur mort. Le combat commença.
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MessageSujet: Re: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyJeu 28 Déc - 17:06

Le vieil homme regarda avec un sourire deux des trois plus jeunes qui s’étaient déjà endormis au fil de son récit, lui aussi commençait à se sentir las mais il était probable que l’âge et les rhumatismes en étaient responsables pour une grande part. Il souffla doucement dans sa pipe en regardant le feu mourir dans la cheminée et se tourna vers ses hôtes, le jeune couple et le dernier enfant qui restait éveillé :

- « Je crois que mon histoire se termine ici
- Mais que s’est-il passé, demanda le jeune garçon tout en caressant les cheveux de sa dulcinée endormie sur son épaule, qui a gagné le combat ?
- Tant que tu ne sauras pas répondre à cette question cette histoire te sera inutile, jeune homme.
- Personne n’a gagné, murmura l’enfant, personne n’a gagné.

Le silence dura quelques minutes après ces paroles pleines de sagesse prononcées par celui qui restait probablement le plus proche du monde des dieux pour peu qu’on l’écoute. Enfin le vieillard se leva et on lui désigna une couchette où il pourrait se reposer, il choisit de sortir quelques instants dans le froid et le vent avant de rejoindre le monde des songes seul refuge de ceux qui doutent et ploient sous les souvenirs douloureux.

Il laissa son visage respirer sous la caresse d’une brise et recueilli avec précaution les odeurs et bruits bercés jusque là par Céosa et ses souffles. Il se perdit dans ses pensées, une souvenance, celle d’un bal donné autrefois dans la demeure des Formague.

Il paraissait pour le dieu de l’amour si seul dans ces moments là, tel un naufragé échoué dans ses sentiments, perdu parmi ce qu'il ne parvenait à exprimer : un sourire, une légère caresse, ne pouvait-il exister plus tendre pour partager son amour ? Ces regards qui brûlent, ces yeux que l'on quête continuellement pour se perdre à jamais dans le miroitement de leur éclat. Il aurait tant aimé plonger dans cette ivresse, goûter à ce gouffre qui fait palpiter un coeur étrangement vite, une profondeur qui étire sur ses lèvres le début tremblant d'un baiser, souffle de tendresse et de plaisir d’adolescent.

Il croisa son regard, entendant des bribes de conversation ; politique, marchandage, colère se lisaient tout autour de lui mais il ne voyait qu'elle, si belle dans cette robe, si fraîche dans cette cour. Une bougie qui éclairait dans la nuit sombre et justifiait toutes ces minutes passées à faire palpiter son cœur depuis sa venue au monde. Il sentait un vide perpétuel en lui qu'elle seule pouvait combler, une bouée à laquelle se raccrocher dans l'océan de ses sentiment.

Le fils du Comte se tournait vers ses invités, caressant de sa main la paume d'Enia et souriait légèrement, toujours plongé dans ses pensées. Il prononça quelques mots de politesse, distingua la présence des émissaires d’autres contrées et se perdit dans le firmament d’étoiles qui dansait au plus profond des iris de sa belle.

Le vieillard secoua la tête comme pour chasser ces réminiscences et murmura dans le silence de la nuit.


« Tu me manques Enia, je ne trouve pas les mots pour exprimer ce que je ressens, un vide, une absence, un silence, je ne sais pas. Aujourd’hui je me suis surpris à tendre l’oreille dans le vent comme tu le faisais autrefois quand les jours étaient ensoleillés et gais. Ne crois pas que je t’ai oubliée, ton sourire, tes rires sont pour moi l’unique force qui me guide mais j’ai peur. J’ai peur de ne plus te revoir autrement que dans un rêve où tu te présenterais à moi belle et fragile. Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire, elles le submergent quelques fois mais sans elles il ne pourrait voguer. Sans toi je ne suis plus qu’un vieillard sans vie et sans désir mais je continuerai de te chercher partout où il existera une chance de te retrouver : je ne souhaite plus désormais écrire mon nom sur les murs d’une forteresse ou d’une citadelle immortelle aux côtés de ceux des héros de jadis, une chaumière me suffira, une cabane où seuls nos deux noms trouveront une place. »

Il rajusta sur ses épaules son manteau vieilli en dévoilant un donjon blanc sur fond pourpre et rentra à l’intérieur du refuge dont il bénéficiait la chaleur pour une nuit encore, seul parmi la bêtise des hommes.



~~~

La famille des Comtes Kuand de Formague fut déchue.
à suivre : "Exil en Edenia"

~~~



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MessageSujet: Re: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyJeu 28 Déc - 17:17



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MessageSujet: Re: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyJeu 28 Déc - 17:18

Les chevaliers se tenaient aux pieds des Montagnes Ventées, protégés du vent glacial à l’Est par une forêt aux arbres hauts et sombres dont on murmurait le sacré et la magie qui en imprégnait chaque racine. Parfois quelque vent capricieux passait entre les feuilles maudites et les hommes frissonnaient de peur en entendant ce bruit terrifiant produit par les fantômes des guerriers morts. Ils étaient quinze, vêtus d’une simple cotte de maille surmontant une tunique noire, un large manteau tombant jusqu’aux chevilles parachevait la tenue de ces mercenaires vendant leur âme et leur épée à des causes.

Seul un bouclier représentant un donjon blanc permettait de les distinguer sur le champ de bataille : on racontait qu’il s’agissait là de la livrée des de Formague mais personne ne les désignait plus que sous le nom des guerriers Kuand, le comte déchu qui perdit ses terres et son nom en une bataille oubliée aujourd’hui des plus obscurs troubadours.

Leur dernière mission consistait à escorter une famille de fidèles au temple de Thamir, dieu architecte de la religion Khorélienne. On leur avait clairement signifié que seule la fille de la famille Romanih avait une importance aux yeux des prêtres qui voyaient en elle la future grande prêtresse d’une divinité majeure. Hélas des rumeurs fondées faisaient état du raid prochain d’un clan des montagnes et plutôt que de déplacer une armée dans ces régions dangereuses, les guerriers Kuand avaient été désignés pour sauver la vierge et éventuellement, si ça ne dérangeait pas trop, sa famille et leurs gens qui représentaient Thamir dans les régions les plus reculées du Royaume de Khorel, donnant la bonne parole et le message divin aux peuplades archaïques locales.

Les « missionnaires » se tenaient à une heure ou deux de cheval de la villa des Romanih et accordaient une ultime halte à leurs montures qui renâclaient pourtant à rester à proximité de la forêt maudite sous le brouillard qui les enveloppait. Le lieutenant des mercenaires, un dénommé Aghort posait nerveusement sa main sur son épée regardant régulièrement par dessus son épaule et s’approcha furtivement de son maître en glissant quelques ordres à leurs hommes.


« Maître Kuand, nous suivrons votre famille jusqu’aux portes de la mort mais nous ne comrpenons pas pourquoi vous nous avez mené jusqu’à ces terres lointaines ou personne n’ose s’aventurer. Ce n’est pas notre combat. »

L’aîné de la famille kuand regarda son fidèle d’un regard dur et, enfourchant son cheval et désignant à ses hommes de faire de-même, il reprit sur le ton bas qu’avait employé Aghort.

« Nous nous battons pour une cause, mon ami, pour Khorel conformément au serment de mes aïeux. Ma famille a été investi de la mission de protéger les faibles et d’apporter paix, bonheur et sécurité, foi en nos dieux partout où cela serait nécessaire. Aurais-tu peur, fils de guerrier, petit-fils de combattant, arrière petit-fils de chevalier ? ».

Ils se dirigèrent vers le but de leur mission.
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MessageSujet: Re: Bibliothèque familiale des Kuand   Bibliothèque familiale des Kuand EmptyDim 11 Fév - 16:40

Trois heures de chevauchée leur furent nécessaires pour arriver à destination : une dizaine de maisons s'entassaient contre une haute muraille percée en son centre d'une lourde porte de fer forgé. Ils mirent pied à terre au niveau des habitations et observèrent les quelques paysans, décharnés qui ne levaient même pas la tête pour les accueillir. Ils semblaient ne porter que la peau sur leurs os et les quelques bourrasques froides les faisaient frissonner de froid sous leurs tenues légères.

Un garde franchit rapidement la porte de l'enceinte en se dirigeant vers eux, il repoussa un villageois qui s'approchait pour quémander quelque nourriture et lui cracha dessus sans lui jeter un regard.


"- Messires, vous êtes les bienvenus, mon maître le seigneur Romanih vous attend depuis plusieurs jours, les barbares se massent à quelques minutes d'ici et la situation risque de devenir intenable.

- Dites à votre maître que nous partons sur l'heure, vos gens ne doivent emporter que le strict minimum et se hâter."

Le garde dévisagea le chevalier Kuand avec une incompréhension totale, affichant un regard de parfaite incrédulité.

"Messire, ces gueux ne nous accompagnent pas, ils ne croient même pas en nos dieux et ne feraient que ralentir la marche. Le maître a donné des consignes très strictes : vous et vos hommes devez régler ce détail avant notre départ pour ... qu'il ne reste rien de notre passage."
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